#680 – CA Bella Vista : los Papales

Les pontificaux. Les états pontificaux ne s’étendirent pas jusqu’à ce quartier de Bella Vista, en plein Montevideo. Ce lien avec le Pape s’explique par le maillot distinctif du club, composé d’une partie blanche et une autre jaune, à la façon Blackburn Rovers. Or, cette association des deux couleurs correspond exactement au drapeau des Etats du Pape, ce qui enfanta le surnom. Pourquoi le club de quartier associa ces deux couleurs de cette façon ? Deux versions s’affrontent mais les deux remontent aux origines du club en 1920. A cette époque, le football uruguayen était déjà bien développé et dominait la scène continentale : le pays avait remporté 3 des quatre premières éditions de la Copa America (il était même finaliste de la seule non gagnée) et la première division existait depuis l’année 1900. Montevideo, qui était une ville qui concentrait un tiers des 1 millions d’habitants du pays, avait déjà vu la plupart de ses grands clubs naître : Peñarol (1891), Nacional (1899) et Wanderers (1902). Cet environnement favorable au football se ressentait dans les nombreux quartiers de la ville et Bella Vista n’y échappa pas. La conjoncture de plusieurs passionnés permit l’émergence du Bella Vista. D’un côté, de jeunes garçons jouaient au football dans les terrains vagues près de Bulevar Artigas et Agraciada. De l’autre, l’inauguration de la chapelle et de l’école Maturana, par la congrégation des Salésiens, en octobre 1907 engendra l’implication de cette communauté dans la vie du quartier (conformément à leurs principes éducatifs) et notamment dans la promotion d’activités culturelles ou sportives. L’un de ses prêtres très actifs, Marino Guerra, enseignait le catéchisme avec deux outils qui lui paraissaient indispensables : une bible et un ballon de football. Ainsi, le barbier Vicente Zibechi impulsa l’idée de fonder un club dans le quartier, ce qui se réalisa le 4 octobre 1920. Selon l’une des versions, le premier terrain du club se situait rue Larrobla, dans une propriété qui appartenait à l’école Maturana. En remerciement, le club demanda au prêtre de l’église de choisir les couleurs de l’uniforme et ce dernier reprit celles des Salésiens, jaune et bleu ainsi que celles des Etats Pontificaux, jaune et blanc. Ainsi, le kit se composa d’un maillot similaire au drapeau du Vatican et d’un short bleu. Toutefois une autre version peu répandue avancent que cette composition de couleurs rendait hommage aux deux clubs dominateurs du championnat : Peñarol (alors connu sous le nom de CURCC) qui avait déjà remporté 6 titres et Nacional qui en avait gagné 8. Peñarol jouait en jaune et noir tandis que Nacional arborait les couleurs blanches et bleu.

#679 – CD Mirandés : los Jabatos

Les marcassins. Fondé en 1927, ce club familial espagnol, souvent petit poucet de la Coupe d’Espagne, réside dans la ville de Miranda de Ebro. Ville de 35 000 habitants, Miranda de Ebro est une ville anonyme et froide du nord de l’Espagne, rattachée à la province de Burgos et à la communauté de Castilla León mais qui historiquement appartient au Royaume de Navarre et se sent basque (Vitoria est à seulement 30 km). Outre être un nœud ferroviaire qui permit le développement industriel, la région de Miranda de Ebro est aussi connue pour les sangliers qui peuplent ses montagnes boisées et sont devenus son symbole. Animal sauvage, le sanglier est connu pour sa robustesse et sa bravoure face aux dangers. Forcément, ces qualités séduisirent la direction du club et ses supporteurs qui souhaitaient que l’équipe défendent les mêmes valeurs (l’esprit de lutte, de courage et de sacrifice). En 1972, Alejandro Almarcha et Melquiades Mariñán conçurent un sanglier comme mascotte du club, qui depuis vient animer les mi-temps des matchs au stade du club.

#678 – Manchester City : Brewerymen

Les hommes de la brasserie. Les racines de Manchester City se situent au XIXème siècle au sein de la paroisse de St. Mark’s dans le quartier de West Gorton, au sud-est de Manchester. Pour occuper les hommes et les jeunes pendant les longs mois d’hiver, le recteur de l’église encouragea l’équipe de cricket de la paroisse à pratiquer le football. Ainsi naquit le club de football de St. Mark’s (West Gorton) en 1880. Comme beaucoup de clubs au début du développement du football, St. Mark’s connut des premières saisons plutôt chaotiques étant donné le manque de structure et les faibles moyens financiers du club. Le principale sujet de préoccupation était de trouver un terrain d’accueil pour jouer. Le premier lieu était évidemment un terrain près de l’église St. Mark’s, dans Clowes Street, mais ce dernier était plutôt accidenté. En 1881, l’équipe déménagea sur le proche terrain de cricket de Kirkmanshulme mais la cohabitation avec les joueurs de cricket fut difficile et les footeux furent bannis du terrain en 1883-1884. Cette expulsion encouragea à la fusion avec une autre équipe locale mais l’union ne dura pas plus d’un an. Le club changea alors de nom pour Gorton AFC. Puis, en 1887, poussé par une nouvelle expulsion du terrain qu’il occupait et par le fort développement du football en Angleterre (organisation de compétition officielle, apparition du professionnalisme …), le club prit 3 importantes décisions pour se structurer et donc perdurer. Premièrement, le club trouva un nouveau terrain de jeu près d’un viaduc ferroviaire à Ardwick, qui était donc en dehors du quartier originel de Gorton. Deuxième décision, le changement de nom. En s’expatriant du quartier de Gorton, s’appeler Gorton AFC apparaît désormais un terme impropre. Par conséquent, le club fut officiellement rebaptisé Ardwick Association Football Club, du nom du nouveau quartier. Enfin, alors que le club était officiellement amateur depuis sa création, la direction décida pour la première fois en 1887 d’attribuer à un joueur un salaire hebdomadaire de 5 shillings pour ses services, le club devenant ainsi une organisation professionnelle.

Mais toutes ces décisions furent facilitées par une rencontre que permit le déménagement à Ardwick. En effet, la direction du club sympathisa avec Stephen Chesters-Thompson, en entrepreneur local, qui possédait un hôtel (avec un pub) près de la nouvelle enceinte ainsi qu’une brasserie du nom de Chester’s, fondée en 1830, dans la quartier d’Ardwick. Les bonnes relations entre la direction du club et cet entrepreneur furent décisives pour Ardwick AFC. En effet, le siège du club s’établit d’abord au sein de l’hôtel. De même, de 1887 à 1896, l’hôtel-pub servait de vestiaire aux joueurs, ce qui pourrait expliquer certaine défaite, les matchs se déroulant après l’apéritif. Puis, la brasserie Chester’s soutint le club en aidant à financer l’aménagement du terrain et également à acheter des joueurs. En échange, elle obtint la concession de l’ensemble des bars et pubs autours de l’enceinte. Les liens étant si forts, Stephen Chesters-Thompson se fraya un chemin jusqu’à la direction du club et de nombreux salariés de la brasserie intervenaient également au sein du club de football. Puis, la brasserie serait même devenue actionnaire du club. Ainsi, Ardwick AFC (qui devint Manchester City en 1894) s’assimila dans les faits avec la brasserie Chester’s et le surnom brewerymen s’imposa. En 1920, les liens se dénouèrent entre le club et la brasserie et le surnom fut moins utilisé. La brasserie d’Ardwick continua sa vie et fut démolie en 1967.