#929 – FC Ingolstadt 04 : die Schanzer

Terme que l’on pourrait traduire par les fortifiés, les retranchés. Barrant en diagonale l’écusson du club, schanzer identifie non seulement le club mais de manière générale, tous les habitants de la ville bavaroise d’Ingolstadt. Le terme schanzer dérive du mot allemand verschanzen qui signifie fortifier et rappelle que les habitants vivaient à l’intérieur d’une place forte. En effet, la cité d’Ingolstadt fut pendant de nombreuses années un pilier de la défense de l’Etat bavarois, en plus d’être une ville universitaire et commerçante. Situé sur le Danube, au centre d’un triangle constitué des 3 grandes villes de Munich, Nuremberg et Augsbourg, Ingolstadt possédait une position stratégique en Bavière tant militaire que commerciale, renforcée par ses plaines agricoles environnantes qui assuraient un bon approvisionnement en denrée alimentaire. Mentionné pour la première fois en 806 dans l’acte de partage de l’Empire de Charlemagne, Ingolstadt devint une cité vers 1250 puis, de 1392 à 1447, la capitale du duché de Bavière-Ingolstadt. Un chroniqueur médiéval écrivait « Wer Ingolstadt besaß, besaß den Schlüssel zu Bayern » (Quiconque possédait Ingolstadt possédait la clé de la Bavière). Ainsi, à partir du XIVème siècle, Ingolstadt reçut de fortes fortifications, qui au cours des siècles suivants furent continuellement renforcées.

Dès 1363, un mur de briques de trois kilomètres de long avec 87 tours crénelées et portes fortifiées furent édifiées autour de la ville. En 1418, Louis VII de Bavière dit le Barbu posa la première pierre de la forteresse d’État d’Ingolstadt, qui se voulait être la plus importante et innovante de la Bavière. Un deuxième rideau de remparts fut construit et achevé en 1430. Au XVIème siècle, les défenses de ce bastion furent encore renforcées lors de la guerre entre l’Empereur Charles Quint et la ligue de Smalkalden. En 1570, la garnison comptait 50 hommes mais monta en 1598 déjà à 170 hommes. En 1600, les effectifs atteignaient 920 soldats. Le rôle de gouverneur d’Ingolstadt devint alors l’un des postes les plus importants de l’armée bavaroise. La guerre de 30 ans (1618-1648) donna l’occasion de réaffirmer le rôle d’Ingolstadt et d’améliorer encore le bastion, en particulier ses positions sur le Danube. Le Roi de Suède, Gustav Adolf, attaqua vainement Ingolstadt. Cette défaite constitua son premier échec militaire de la guerre et coupa son avancée en Bavière. Une conséquence de cet assault raté fut d’annihiler toute autre attaque pendant cette guerre pour prendre la forteresse. Ingolstadt était le seul lieu important de l’ancien électorat de Bavière qui ne fut jamais pris pendant la guerre de 30 ans. Pendant cette période, les forces militaires varièrent considérablement. En 1632, il y avait plus de 2 600 hommes, qui pouvaient compter sur 50 canons lourds et 86 canons légers et près de 900 quintaux de poudre dans la forteresse. En 1646, les effectifs étaient d’environ 1 500 hommes et vers la fin de la guerre seulement entre 200 et 400 hommes.

En 1701, il y avait plus de 350 hommes à Ingolstadt. En temps de paix, il y avait un maximum de deux régiments d’infanterie dans la forteresse au XVIIIème siècle, soit un effectif total d’un peu plus de 1 500 hommes. Ces militaires étaient logés chez les habitants et la cohabitation devint difficile, les plaintes se multipliant. Ainsi, au XVIIIème siècle, de nombreuses casernes furent édifiées pour accueillir les troupes. Durant les deux guerres de succession (d’Espagne (1701 à 1713) puis d’Autriche (1740-1748)), en manque de soutien extérieur, le bastion d’Ingolstadt céda plusieurs fois.

A la fin du XVIIIème siècle, en raison des finances déplorables de l’Etat bavarois et du manque d’expérience militaire de ses suzerains, l’armée bavaroise atteignit son plus faible niveau et la forteresse d’Ingolstadt était dans un état de dégradation avancée. Alors qu’il y avait, en 1668 51 canons lourds à Ingolstadt, la forteresse n’en comptait plus que 13 en 1778. En 1797, des travaux furent entrepris pour rétablir les défenses mais finalement, le 23 septembre 1799, les troupes impériales autrichiennes rendirent la place forte aux armées révolutionnaires françaises. Napoléon Bonaparte donna l’ordre de raser la forteresse d’Ingolstadt, ce qui fut exécuté entre novembre 1799 et mars 1801. Quelques années seulement après la démolition de la forteresse, il était déjà envisagé de la reconstruire. La décision fut prise en 1806, mais les travaux ne commencèrent qu’en 1828, lorsque les finances gouvernementales le permirent. La construction de la forteresse royale bavaroise constitua le projet de construction le plus important et le plus coûteux sous le règne de Louis Ier de Bavière et employa environ 5 000 ouvriers jusqu’en 1848. En 1851, 433 canons et 155 mortiers étaient stockés dans la forteresse et en 1874, il y avait encore 1 007 canons et mortiers mais plus de la moitié étaient obsolètes. En 1861, la ville comptait 7 193 résidents civils contre 12 750 militaires. Si tout le développement de la ville dépendait des autorités militaires (dans le bon sens (connexion au réseau ferré, système d’approvisionnement en eau et d’évacuation des déchets) comme dans le mauvais (les développements civils étaient empêchés par les besoins militaires prioritaires), l’intérêt stratégique comme l’importance du fort diminua au fil du XIXème siècle. Lors de la Première Guerre mondiale, le bastion servit seulement de prison. En mai 1914, l’artillerie d’Ingolstadt se résumait à 180 canons, dont certains étaient déjà considérablement dépassés. Les fossés furent comblés pour permettre à la ville de construire des immeubles d’habitations. Les grands bâtiments militaires furent petit à petit convertis en immeuble administratif. Aujourd’hui, ce système sophistiqué de fortifications bien conservées fait d’Ingolstadt un musée à ciel ouvert unique.

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