#520 – Zorya Louhansk : Мужики

Les hommes. De 2011 à 2019, le club ukrainien fut entrainé par Yuri Vernidub. Il fut un entraineur créatif et talentueux, qui permit au club de sortir de ses années de léthargie pour revenir à des résultats honorables. Si aucun titre ne fut conquis pendant cette période, le club atteignit régulièrement les places européennes ainsi qu’une finale de Coupe d’Ukraine (perdu contre le Shakhtar 2-0). En 2015, suite à un match nul face au Dynamo Kiev, Yuri Vernidub commenta ainsi le résultat : « Мої хлопці – професіонали, мужики. Вважаю, що заслужено поділили сьогодні очки з Динамо » (Mes gars sont des professionnels, des hommes. Je pense que nous avons à juste titre partagé les points avec le Dynamo aujourd’hui). Ces termes plurent aux supporteurs du club qui décidèrent de l’adopter. Dans le stade, des bannières reprenant le mot apparurent et il n’est pas rare d’entendre les supporteurs crier « Мужики! Мужики! » (les hommes, les hommes).

#519 – Sivasspor : Yiğidolar

Les braves. Sivas est l’une des villes les plus anciennes et les plus importantes de la région de l’Anatolie centrale. Les fouilles et des recherches ont montré que le premier établissement de la région date du néolithique (8000-5500 avant JC). Puis, la ville se développa sous les différents empires qui se succédèrent (notamment Hittite, Perse, Macédoine, Romain, Byzantin, Seldjoukide et Ottoman). Sivas est une forme tronquée du nom de la ville en grec byzantin, Sivastei, lui même provenant de son nom en koinè (grec ancien) Σεβαστεία (Sébaste). Ce dernier terme dérive des mots grecs σεβαστός (qui signifie vénérable), σέβας (la crainte) et le verbe σέβομαι (éprouver de la crainte, du scrupule). Ainsi, les habitants et leur club de football se surnomment eux-mêmes Yiğido, ce qui provient du mot turc Yiğit qui signifie homme courageux. 

Il est vrai qu’ils se sont aussi montrés braves dans leurs actes. Une légende raconte d’abord qu’en 324, 40 légionnaires de la Legio XII Fulminata, furent condamnés pour leur foi chrétienne. Ils n’y renoncèrent pas malgré la sanction de dormir nus la nuit dans un lac gelé. Ils moururent en martyre et devinrent des saints chrétiens fêtés le 9 mars. Puis, tout au long de l’histoire, la ville fut envahie et parfois détruite. Elle fut secouée lors du génocide arménien de 1915-1916, par les premiers mouvements nationalistes kurdes de 1920 et par les massacres islamistes de 1993. Malgré ces épreuves, la ville et ses habitants se relevèrent à chaque fois.

#518 – Polonia Varsovie : Czarne koszule

Les chemises noires. Club historique du football polonais (même s’il évolue aujourd’hui dans les bas-fonds), les joueurs du Polonia porte un maillot intégralement noir. La question du choix de la couleur des vêtements a donné lieu à plusieurs théories. Tout d’abord, entre la création du club en 1911 et 1913, le club évolua avec un maillot rayé noir et blanc. Les raisons de ce mariage de deux couleurs sont inconnues. La fondation du club résultant de l’union de deux clubs scolaires, peut-être que chaque couleur représentait un des lycées. Au début de l’année 1913, le club changea son équipement pour une tenue intégralement noire. Il y a d’abord l’explication patriotique. De la fin de l’épopée napoléonienne (1815) jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, la Pologne fut niée comme entité nationale et écartelée entre ces trois grands voisins : la Russie à l’Est, la Prusse à l’Ouest et l’Empire Austro-Hongrois au Sud. Ainsi, la direction du club voulait signifier par ce maillot noir la tristesse du peuple polonais d’être divisée. Cette version peut se trouver conforter par le nom du club. Polonia est le nom latin de la Pologne et en 1911, donner au club un tel nom était un acte de patriotisme et de courage. Malgré cela, il semble que cette version soit fantasmé et que la réalité soit moins romantique. Le responsable des fournitures du club, un certain Mück, ne parvenait pas à dénicher des maillots rayés noirs et blancs et se tourna donc vers le kit le plus simple à trouver, un maillot intégralement noir. Ce choix par défaut présentait aussi un autre avantage : ces vêtements se salissaient peu en jouant sur le terrain boueux où évoluait le club (Agrykola). Le premier match avec ce nouvel équipement fut joué le 23 février 1913 face au Korona. Polonia remporta alors une première victoire face à ce rival (4-0). A compter de 1920, le surnom des chemises noires apparut.