#500 – West Bromwich Albion FC : Baggies

Il s’agit bien du short large et long que le club a pour surnom. A la mode chez les adolescents dans les années 1990, ce n’est pas ce phénomène à l’origine de ce sobriquet. Mais, la véritable source est inconnue et plusieurs histoires existent. La première version fait référence aux recettes du club et à leur transport. A la fin du XIXème siècle, son stade de The Hawthorns comptait deux entrées, une derrière chaque but. Les jours de matchs, le personnel du stade partaient des guichets avec la recette et traversaient le stade, escortés par des policiers, jusqu’au niveau de la ligne médiane où se trouvait un petit bureau sous la tribune. La recette, issue de la vente des billets d’entrée, s’élevait à des montant importants et était transporté dans de grands sacs en tissu. En passant devant les tribunes, les supporteurs prenaient l’habitude de crier « Here come the bag men ! » (eh ! les hommes aux sacs) et, ce rituel deviendra avec le temps « Here come the baggies ! » . Une autre histoire se concentre sur les accoutrements des supporteurs du club. La ville de West Bromwich se situe dans le Black Country, cette région industrielle du centre de l’Angleterre. Riche de nombreux minerais (charbon, fer …), les mines y fleurirent puis les industries lourdes de transformation (sidérurgie, métallurgie, aciéries). Dans les hauts fourneaux, les ouvriers y travaillant portaient des vêtements robustes, en moleskine, et larges pour résister aux durs labeurs et à la chaleur. Ou alors, selon d’autres, les vêtements étaient réalisés dans un tissu nommé duck. De couleur claire au départ, le vêtement s’assombrissait au fil des lavages. Pour les réparer, une pièce blanche en duck étaient rajoutée. Ceci donnait un effet volumineux au pantalon, qui donnait l’apparence de sacs de farine. Le surnom baggies serait donc né de ces vêtements amples. Certains avancent que le terme fut attribué par les supporteurs rivaux d’Aston Villa. Quand ceux d’Albion se déplaçaient dans le stade des Villans, en nombre et avec ces vêtements, ils étaient accueillis par des cris « Here come the Baggies of Bromwich » . Enfin, la version la moins connue se reporte aux shorts des joueurs de football. Ces derniers étaient amples et auraient donc influer sur le surnom.

#499 – Juventus Turin : la Vecchia Signora

La vieille dame. L’attribution de ce surnom remonterait aux années 1930. Si l’explication la plus logique et souvent avancée concerne le fait que la Juventus est l’un des doyens, d’autres origines existent également.

Si des jeux similaires au football ont été pratiqué en Italie avant le XIXème siècle, la variante moderne (et connu aujourd’hui) aurait été introduite en Italie dans les années 1880 par un ouvrier marchand de l’industrie textile britannique, Edoardo Bosio. Ce dernier avait visité l’Angleterre (il travaillait dans l’ usine textile Thomas & Adams à Nottingham) et découvert le football. Revenu à Turin, il diffusa le football dans son pays natal, en créant le club du Torino Football and Cricket Club en 1887. Turin était donc le berceau du calcio. Un autre club turinois suivit en 1889, Nobili Torino. Les clubs se multiplièrent alors dans la capitale piémontaise (FBC Torinese en 1894) mais également dans les autres villes marchandes du nord-ouest italien, ayant tissé des liens commerciaux avec l’Angleterre (Genoa CFC en 1893). Fondé à l’automne 1897, la Juventus n’est donc pas le plus ancien club de Turin et de la péninsule italienne mais la plupart des clubs plus anciens disparurent rapidement après leur création. Finalement, des clubs nés avant la Juventus, il ne reste aujourd’hui que le Genoa. Cette « vieille dame » saluerait donc son ancienneté.

Club certainement le plus supporté en Italie, son emprise sur le football italien suscita également de la jalousie et les adversaires ne manquèrent pas de se moquer. Ainsi, « vieille dame » pourrait aussi être un jeu de mot avec le nom du club. En effet, Juventus signifie en latin « jeunesse » et donc l’attribution du sobriquet vieille serait ironique.

Par ailleurs, de 1930 à 1935, la Juventus remporta 5 titres d’affilé de Champion d’Italie. Pour ce faire, la direction fit confiance à des anciens, ie des joueurs trentenaires, du nom de Gianpiero Combi, Virginio Rosetta, Umberto Caligaris, Giovanni Vecchina, Luis Monti et Raimundo Orsi. Cette équipe de « vieux » aurait donc inspiré le surnom.

Enfin, en 1923, la famille Agnelli, propriétaire du constructeur automobile FIAT, basé à Turin, racheta le club de la Juventus. À cette époque, la classe ouvrière appelait l’élite et les hommes d’affaires riches du pays « vecchios signores » (les vieux monsieurs) et pour cette raison, la Juventus qui appartenait à la famille bourgeoise Agnelli hérita de ce surnom. Mais, ce surnom est féminisé, comme d’ailleurs de nombreux sobriquets de la Juventus. La raison est simple. Le football dans les années 20 et 30 étaient une affaire d’hommes. Les supporteurs de la Juve aimait alors tellement le club que ce dernier était devenu en quelque sorte leurs moitiés, leurs amantes. C’était leur femme .

Ce surnom de Vieille Dame est parfois moqué par les supporteurs adverses puisque dans différentes régions d’Italie, les femmes qui possèdent des bordels et des clubs d’hôtesses sont connues sous le nom de « vecchias signoras » .

#498 – Estudiantes de La Plata : el León

Le lion. Ce pseudonyme est dérivé directement de la mascotte du club mais son origine est incertaine. Il existe trois théories sur la provenance de ce surnom. La première légende mentionne un supporteur du club du nom de Manuel León Santillan. Sous la dictature militaire, il fut enlevé, assassiné et jeté dans le Rio de la Plata par la police, en raison d’un règlement de compte. En l’honneur de ce supporteur, son nom Léon (Lion en espagnol) fut repris comme surnom et mascotte. Une autre hypothèse se réfère au trois Copa Libertadores remportées (1968, 1969 et 1970). L’équipe, emmenée par ‘Bruja’ Verón, Carlos Bilardo et Osvaldo Zubeldia, se battait comme un lion pour remporter ses matchs et titres. Ce fut le cas notamment lors de la finale de la Coupe Intercontinale en 1968 face au Manchester United de Georges Best. Au match aller, Estudiantes gagna 1 but à 0 à domicile. Puis, résista au match retour en faisant un nul 1 partout. Enfin, pour la troisième histoire, plusieurs fans disent que le surnom provient de la rivalité avec l’autre club important de la ville, le Gimnasia y Esgrima de La Plata. Ce dernier avait le surnom de Lobo (le loup – cf article #312). Les supporteurs d’Estudiantes souhaitaient donc être représentés par un animal plus fort et majestueux que le loup, animal régant de la forêt (bosque en espagnol, le nom du stade de Gimnasia y Esgrima). Le seul digne était le lion, roi de la jungle et des animaux.

#497 – FCG Bordeaux : les Marines et Blancs

Le maillot bordelais arbore les couleurs marines et blancs, depuis quasiment la création de la section football. Après une première tentative échouée en 1910, la section football renaquit grâce à la fusion avec d’autres clubs de sports. Les Girondins absorbèrent notamment le club de l’Argus Sport qui transmit aux Girondins ses couleurs Marine et Blanc. Elles peuvent être un rappel de la mer et son écume, la ville étant situé sur la Garonne et dont le port fut le principal en France sur l’Océan Atlantique. Mais aucune certitude à ce sujet. Comme pour le scapulaire (cf article #44), certains avancent que le choix de ses couleurs fut réalisé pour honorer la Vierge Marie. En effet, la Vierge Marie est systématiquement représentée vêtue d’une robe bleue. Cette couleur est porteuse de nombreuse signification telle que la fidélité, la justice et la spiritualité. Dans l’ancien testament, le bleu représente la fidélité du peuple d’Israël à Dieu tout comme la Vierge Marie. L’étoffe qui recouvre l’Arche d’Alliance est bleue et pour rappeler que la Vierge Marie, en ayant porté Jésus Christ, est comme l’Arche, elle serait représenter avec des vêtements bleus. Plus prosaïquement, à compter du XIIIème siècle, le bleu est la couleur des princes et nobles car le pigment bleu (dit de lapis-lazuli) était l’un des plus chers. Les tissus bleus démontraient donc la richesse et la noblesse de son porteur. L’Eglise se serait servie de cette riche symbolique pour désigner le caractère sacré de la Sainte Vierge. Au final, les raisons réelles sont inconnues mais les supporteurs sont attachés à ces couleurs. Sous la direction d’Alain Afflelou, afin de créer plus de lien (économique) avec le monde viticole bordelais, la direction changea les couleurs du club pour un vrai bordeau en 1992. Seulement, même si le club atteignit la finale de la Coupe de l’UEFA en 1996, ce choix, qui s’accompagnait également de celui de supprimer le scapulaire qui venait à peine de refaire surface après les années Claude Bez, ne convainquit jamais et le club revint au marine et blanc en 1996. De même, lorsque le fonds américain, King Street, décida de moderniser l’écusson du club, notamment en optant pour un bleu plus clair que le marine, les supporteurs se sentirent trahis (ce ne fut pas la seule modification de l’écusson qui les agaça). Ne pas respecter l’histoire d’un club en cédant aux sirènes du marketing pour au final, moins d’un an plus tard, lâcher le club, quel irrespect et gâchis (Je préfère d’ailleurs afficher pour cet article l’ancien).

#496 – Real Sociedad : Txuriurdin

Les blancs et bleus, en basque, couleurs du club. Né en 1907 ou 1908, de la dissidence de la section football du San Sebastián Recreation Club, le club fut le premier à adopter pour son uniforme les couleurs bleus et blanches représentatives du drapeau de la ville. A cette époque, le maillot était totalement blanc avec les initiales SS brodées en bleu, accompagné d’un pantalon bleu. Ce mixe de couleurs perdurera malgré les fusions et refondations lors des premières années d’existence. Le drapeau officiel de San Sebastián est blanc avec un carré bleu dans le coin supérieur gauche. Sa première mention date de 1659 où il fut remis aux vainqueurs d’une régate. Au début du XIXème siècle, une ordonnance royale accorda à San Sebastián le drapeau blanc avec le carré bleu comme enseigne maritime, qui devait être affichée par tous les navires de son port. Mais, à cette époque, San Sebastián possédait également un autre drapeau, aux couleurs violettes et blanches avec la croix de Saint-André en rouge. Ce n’est qu’en 1997 que le conseil municipal de la ville entama un processus visant à déterminer lequel des deux drapeaux représenterait officiellement la ville. En novembre 1998, le drapeau actuel fut approuvé par la Diputación Foral de Guipúzcoa (parlement du du territoire historique de Guipúzcoa) et le 20 janvier 1999, il fut officiellement hissé sur la Plaza de la Constitución. Ces deux couleurs blanches et bleus coïncident également avec celle des armes de la ville, qui furent adoptées au milieu du XVIème siècle. Sa description est la suivante : « Dans un champ d’azur (ie de couleur bleu), sur des vagues d’azur et d’argent (ie de couleur blanche), un bateau, en or, à trois bâtons, recouvert d’argent et accompagné des lettres SS, en argent, un dans chaque canton. Bordure en argent avec la légende « Gagné par la fidélité, la noblesse et la loyauté », en lettres de sabre (noir) ».

#495 – Hanovre 96 : die Roten

Les rouges. Au AWD-Arena, les supporters d’Hanovre chantent avec ferveur « Schwarz-weiß-grün ein Leben lang » (noir-blanc-vert pour la vie), alors même que leur joueurs évoluent avec un maillot rouge (d’où le surnom). Hanovre 96 fait parti du cercle restreint des clubs ayant des couleurs différentes entre leur blason et leur kit sportif (cf Sparta Prague, Hambourg SV …). Ce contraste soulève de nombreuses questions. Lors de la fondation du club le 12 avril 1896 sous le nom de Hannoverscher FC, il semble que les membres étaient d’accord pour jouer dans un kit blanc (maillot et pantalon) et des chaussettes noires. Cet ensemble faisait parti de la garde robe classique d’un jeune homme de bonne famille et facilitait donc l’équipement des joueurs. Par ailleurs, dans un Reich Allemand naissant (fondé en 1871), le noir et le blanc rappelaient les couleurs de la Prusse, un des principales promoteurs de l’Empire et région où se situait Hanovre. Le 18 novembre 1987 apparaît une chronique où il est mentionnait que les couleurs étaient le noir, le blanc et le vert. Il semblerait qu’à compter de 1897, les joueurs évoluaient avec des chemises rayées blanches et vertes, un short blanc et des chaussettes noires. Le choix du vert faisait référence à la couleur de la pelouse sur lequel jouaient les équipiers. Sachant que les sportifs pratiquaient avant tout le rugby (jusqu’en 1901), peut-être que les chemises blanches se teintèrent de vert au fur et à mesure des placages et chutes, ce qui put plaire aux dirigeants du club. En 1904, le journal Leipziger Zeitung rapportait dans un article que les joueurs de Hanovre portaient un maillot rouge et blanc (lors d’un match amical contre Leipzig BC), qui se détachait bien de la couleur verte du terrain. D’ailleurs, en 1901, une photographie laisse penser qu’un maillot rouge était déjà porté. Si c’est le cas, ce n’est pas l’absorption du club de FV Germania 1902 Hannover qui rougit le maillot, comme certains l’avancent. Encore aujourd’hui, l’archiviste du club (à plein temps) ne parvient pas à déterminer pourquoi le rouge fut choisit. Certains ont avancé que ce choix est lié aux couleurs de la ville (rouge et blanc, établies en 1897) mais de nombreux clubs existaient au début du XXème siècle à Hanovre. Pourquoi plus ce club qu’un autre aurait choisi le rouge en l’honneur de la ville. Sachant que la fédération locale comme la Mairie poussèrent rapidement les clubs de la ville à choisir chacun une couleur différente des autres. En tout cas, certainement apparu au début du siècle, le rouge fut contestées quand le Hannoverscher FC fusionna avec le BV Hannovera 1898 pour donner naissance au club actuel. En effet, les joueurs portèrent après la fusion un maillot blanc et un short noire. Toutefois, dès les années 20, le rouge revint la couleur des maillots. Le rouge fut parfois associé au blanc ou au noir en fonction des époques. En 2008, le président du club, Martin Kind, suggéra l’idée d’abandonner le rouge pour unifier les couleurs de l’écusson avec celles du maillot. Il dut vite baisser pavillon face à la levée de bouclier des supporteurs.

#494 – AA Ponte Preta : Macacas

Les macaques. Le surnom ne paraît pas flatteur et pourtant il est porté avec fierté par le club et ses supporteurs. En fait, le club choisit volontairement ce singe comme mascotte, qui donna naissance au surnom. D’une part, il permit de se distinguer des autres mascottes habituelles qui reprenaient des animaux inspirant la puissance, tels que le lion et le tigre. D’autre part, cette mascotte était aussi un moyen de se moquer du racisme des adversaires. Club doyen du Brésil avec sa fondation en 1900, il est également celui qui a favorisé l’intégration des noirs dans le football. Au début du XXème siècle, le football était monopolisé par l’élite blanche, souvent récemment immigrée d’Europe. Leurs clubs avaient des règles qui interdisaient explicitement la présence de noirs. Ponte Preta était fondé par des étudiants qui jouaient dans un terrain vague avec des balles de chiffon. Parmi eux, Miguel do Carmo, un homme noir, né en 1885, 3 ans avant l’abolition de l’esclavage au Brésil. Fondateur, il fut surtout le premier footballeur noir au sein d’un club. Il évolué à Ponte Preta jusqu’en 1904 au moment de son transfert à Jundiaí. Comme la couleur de la peau n’était pas un élément différenciant pour le club, des historiens supposent que d’autres joueurs du club en 1900 étaient également noirs. En outre, le quartier de Ponte Preta où le club naquit était composé d’ouvriers et de cheminots, dont une grande partie étaient noirs. Ainsi, sur le terrain comme dans son stade, les noirs, mulâtres et blancs se côtoyaient sans distinction. Le club Ponte Preta joua un rôle fondamental dans l’affirmation de la démocratie raciale (une théorie qui défendait l’idée que le Brésil aurait échappé au problème des préjugés raciaux) qui marqua l’histoire brésilienne au début du XXème siècle. Mais, le racisme était bel et bien réel à cette époque. En effet, l’équipe était harcelé en raison de la forte présence de noirs et de mulâtres dans l’équipe et parmi les fans. Dans les stades où Ponte Preta se déplaçait, ses joueurs étaient régulièrement reçus par des cris de singes et de macaques. C’est ainsi que le club opta pour le singe comme symbole.

#493 – Wolfsberger AC : die Wölfe

Les loups. Il n’est pas difficile de comprendre que le loup apparaissant sur l’écusson du club provient de celui qui s’affiche sur les armes de la ville, ces dernières étant parlante vu le nom de la cité, WOLFsberg. Même si des objets de l’âge du bronze ont été retrouvés et que l’existence d’une colonie romaine est attestée, la cité est surtout mentionnée à compter du XIème siècle. Elle appartenait alors à l’évêché de Bamberg et le chateau y fut construit vers 1178. Les armes de l’évêché représentait un lion, ce fameux lion de Bamberg devenu un symbole en héraldisme. Résultat, Wolfsberg porta à l’origine les armoiries de l’évêché de Bamberg, un lion en flèche barré obliquement, attesté par un document daté du 14 juillet 1295. Pour une raison inconnue, à la fin du Moyen Âge, l’animal héraldique se transforma en un loup. Certainement que le nom de la vile y joua. Pour conserver une trace du lion, le loup fut affublé d’une queue de lion. A Wolfsberg et dans la région de Carinthie, marqué au nord par les Alpes et ses forêts, l’aire était propice aux meutes de loups. Mais, menace pour l’homme et son bétail, il fut chassé et disparut de la région. Depuis le début des années 2000, il réapparait en Carinthie. Le retour du loup en Autriche peut provenir de trois populations environnantes : la population des Alpes, par la Suisse et l’Italie, la population des Balkans, par la Slovénie et la Croatie, et enfin la population de l’Europe centrale, par la Pologne et la Slovaquie. Protégé par la Convention de Berne, le loup figure en Carinthie sur la liste des espèces gibiers protégées toute l’année. 

#492 – US Douala : Nassara

Les étrangers en langue haoussa. En 1955, plusieurs clubs du quartier de New Bell de Douala s’unirent pour constituer une équipe qui puisse rivaliser avec les clubs des autres quartiers de Douala. Le vice-président du club, M. Halidou, proposa de retenir le vert et le blanc comme couleurs du club et comme devise gamakai-nassara (En avant, les étrangers). Le quartier de New Bell fut créé en périphérie de Douala au début du XXème siècle lors de la colonisation allemande du pays. Le plan allemand d’urbanisme prévoyait d’exproprier l’ethnie originelle et majoritaire des doualas des quartiers centraux (notamment des quartiers Bell et Joss) vers ce nouveau quartier de New Bell. A cette époque, cette aire était habitée par des haoussas, peuple du Sahel et reconnus pour êtres des excellents marchands. Ce fut justement les échanges commerciaux qui favorisèrent leur immigration du Sahel vers l’ensemble du Cameroun et en particulier dans la ville portuaire de Douala au XIXème siècle. Les doualas ne s’y installèrent pas et ce quartier en marge de la ville continua à être une terre d’immigration après la Première Guerre Mondiale et la fin de la colonisation allemande. Les nouveaux immigrés haoussas se regroupèrent auprès des anciens déjà installés. Et ce phénomène se produisit également avec d’autres populations. En 1955, le quartier comptait entre 60 000 et 65 000 habitants, répartis en sous-quartiers, regroupés par ethnies (une quinzaine de grandes familles, parfois décomposées en sous-groupe ethnique). Les Bamilékés constituaient l’ethnie principale (environ 38% de la population du quartier) tandis que les haoussas représentaient 4%. Mais qu’elles soient originaires du Cameroun, du Sahel ou du Nigeria, toutes ces ethnies était (et sont considérées comme) des étrangers aux yeux des doualas.

#491 – SD Éibar : Armaginak

Les armuriers en basque. Le surnom se dit également en espagnol los armeros. Éibar est une petite municipalité de la région basque de Guipúzcoa, à mi-chemin entre Bilbao et Saint-Sébastien. Sur les rives de l’Ego, proche des Pyrénées riche en minerai de fer, son activité économique s’est tout d’abord développée avec les forges. Puis, de la production de fer, la ville, et la région de Guipúzcoa, se tourna vers des produits manufacturés, particulièrement les armes. La commune voisine de Placencia de las Armas accueillit la fabrique royale d’armes (Real Fábrica de Armas) tandis que cette activité longtemps florissante à Éibar conduisit à la baptiser la villa armera (la ville armurière). Le premier document faisant référence à la fabrication d’armes à Eibar date de 1482 (écrit décrivant l’envoi au Duc de Medina Sidonia de deux canons). En 1538, une commande de 15 000 arquebuses fut passées, soulignant l’importance prises par Éibar dans la production d’armes. Tout au long du XVIIème siècle, l’industrie se développa considérablement et en 1735, la Real Compañía Guipuzcoana de Caracas (une société qui avait le monopole du commerce entre l’Espagne et le Venezuela) intervint pour organiser la production d’armes et son système corporatiste. En 1865, après différentes reprises, ce système syndicaliste disparaît, avec la révolution industrielle et l’amélioration des techniques, au profit de sociétés indépendantes et concurrentes entre-elles. Au début du XXème siècle, Éibar comptait 1 149 armuriers (fabriquant principalement des armes de poing) et connut une croissance vertigineuse. En 1887, 130 000 pièces furent fabriqués à Éibar, puis 200 000 en 1900 et finalement 484 000 huit ans après. La Première Guerre Mondiale constitua à la fois le pic de l’activité mais également sa chute (la fin de la guerre plus la fermeture de certains marchés réduisant les débouchés). Une partie des armureries se reconvertirent alors en fabriquant de bicyclettes ou de machines à coudre. Les autres poursuivirent leur activité qui se réduisit au fil des années, particulièrement au moment des crises des années 1970 et 1980. Avec la fermeture le 27 mai 1997 de la dernière grande usine d’armes STAR, Bonifacio Echeverría SA, la production locale est devenue rare et se concentre sur les armes de chasse de luxe. Un musée de l’armurerie a ouvert en 2007 et la Escuela de Armería (l’Ecole d’Armurerie), ouverte en 1913, continue d’enseigner ce savoir-faire.