#522 – Fulham FC : the Cottagers

Ce surnom est dérivé du nom du stade, Craven Cottage, où évolue le club londonien de Fulham depuis 1896. Fondé en 1879, Fulham est l’un des plus anciens clubs professionnels de football de Londres. Comme la plupart des jeunes clubs de l’époque, Fulham eut une existence nomade à ses débuts. L’équipe joua sur une pléthore de terrains, souvent à peine aménagés au sud et au nord de la Tamise : Star Road (1879-1883) près d’Earls Court, Eel Brook Common (1883-1884), Lillie Road (1884-1885), Putney Lower Common (1885-1886), Ranelagh House (1886-1888), Barn Elms (1888-1889), Parsons Green (1889-1891), Half Moon (1891-1895), Cpt. James Field (1895-1896). Puis, enfin, le 10 Octobre 1896, le club investit Craven Cottage pour quasiment plus jamais le quitter. Avec ce nombre de déménagement, Fulham est l’un des clubs ayant occupé le plus de stade en Angleterre (seul QPR les dépasse).

D’une capacité de près de 20.000 places, situé au bord de la Tamise au sud ouest de la capitale, Craven Cottage présente un charme so British, à l’opposé des stades modernes, designés, aseptisés qui fleurissent en Premier League comme ailleurs. Pas d’hotels, de centres commerciaux qui éclosent autour du stade. Sa façade de briques rouges, ses poteaux qui soutiennent le toit et gênent la vue, ses strapontins en bois … entretiennent l’atmosphère d’un écrin authentique, un cadre qui fleure bon la nostalgie. William Craven, sixième baron de Craven, fit batir en 1780 un pavillon (cottage) sur des parcelles ayant fait parti des terrains de chasse de la Reine d’Angleterre Anne Boleyn. Ce chalet fut habité par quelques célébrités avant qu’il ne soit détruit par le feu en mai 1888. Le terrain était alors à l’abandon lorsque la direction de Fulham le découvrit en 1894. Il fallut deux ans de travaux pour transformer ce terrain vague en stade de football. Les propriétaires du terrain réalisèrent les travaux en échange de la perception d’une partie des recettes des matchs. En 1904, le conseil municipal de Londres s’inquiéta du niveau de sécurité des stands et tenta de fermer l’enceinte. A la suite du procès qui s’ensuivit, l’architecte écossais, Archibald Leitch fut embauché pour améliorer le stade. Leitch avait gagné sa réputation après avoir édifié le stade d’Ibrox à Glasgow. Pour un coût de 15 000 £ (un record pour l’époque), il construisit le Stevenage Road Stand ainsi qu’un pavillon (l’actuel « Cottage »). Avec sa brique rouge caractéristique, Stevenage Road Stand, renommé Johnny Haynes Stand, constitue la plus vieille tribune des quatre divisions professionnelles anglaises et même du monde. Elle est même classée au patrimoine du royaume. Quant à ce fameux « Cottage », il résulte d’une erreur du célèbre Leitch qui oublia d’inclure des vestiaires dans la tribune de Stevenage Road. Il rajouta donc dans un angle du terrain ce pavillon pour y loger les vestiaires et le bureau du manager.

#521 – 1. FC Nuremberg : der Club

Le club. Certes, le nom du FC Nuremberg intègre le terme club (1. Fußball-Club Nürnberg). Mais, ce n’est pas le seul en Allemagne, même à l’époque de sa fondation (en 1900). D’où le surnom aurait été peu original et repris par de nombreux autres associations. Ce surnom apparût dans les années 1900 et s’imposa dans les années 1920. Avant la Première Guerre Mondiale, le FC Nuremberg était déjà un club dont la réputation montée avec ses nombreuses victoires. Le club fut tout d’abord 3 fois champion de Bavière en 1906, 1907 et 1908. Puis, avec la réorganisation des championnats régionaux, Nuremberg remporta deux titres de champion d’Allemagne du Sud (1909 et 1910). Après la fin de la Première Guerre Mondiale, le FC Nuremberg entama la décennie la plus réussie de l’histoire du club. Entre juillet 1918 et février 1922, l’équipe resta invaincue lors de 104 matches officiels. Résultat, elle se constitua un formidable palmarès en remportant 5 titres de champion d’Allemagne (1920, 1921, 1924, 1925 et 1927) et 9 titres de champion d’Allemagne du Sud (1919, 1920, 1921, 1922, 1924, 1925, 1927, 1928 et 1929). Son style de jeu agréable ainsi que son palmarès conduisit à des commentaires dithyrambiques. En 1924, l’équipe fut si brillante que le magazine spécialisé Fußball écrivit : « Wohl noch nie hat ein Teilnehmer der Endrunde verdienter gewonnen, als … der 1. FCN » (Jamais un participant au tour final n’a gagné plus que … 1. FCN). Il méritait donc d’être surnommé « le club » pour le singulariser des autres. Par la suite, le club connut d’autres succès mais plus rare. Jusqu’à la saison 1985/86, le FCN détenait le record de titre de champion d’Allemagne (avec neuf titres). Aujourd’hui, le club évolue en seconde division et ne tutoie plus les sommets. Néanmoins, le surnom est toujours présent. Lors de la saison 2012/13, en l’absence de sponsor, les joueurs arborèrent un maillot d’entrainement barré du terme « der club » .

#520 – Zorya Louhansk : Мужики

Les hommes. De 2011 à 2019, le club ukrainien fut entrainé par Yuri Vernidub. Il fut un entraineur créatif et talentueux, qui permit au club de sortir de ses années de léthargie pour revenir à des résultats honorables. Si aucun titre ne fut conquis pendant cette période, le club atteignit régulièrement les places européennes ainsi qu’une finale de Coupe d’Ukraine (perdu contre le Shakhtar 2-0). En 2015, suite à un match nul face au Dynamo Kiev, Yuri Vernidub commenta ainsi le résultat : « Мої хлопці – професіонали, мужики. Вважаю, що заслужено поділили сьогодні очки з Динамо » (Mes gars sont des professionnels, des hommes. Je pense que nous avons à juste titre partagé les points avec le Dynamo aujourd’hui). Ces termes plurent aux supporteurs du club qui décidèrent de l’adopter. Dans le stade, des bannières reprenant le mot apparurent et il n’est pas rare d’entendre les supporteurs crier « Мужики! Мужики! » (les hommes, les hommes).

#519 – Sivasspor : Yiğidolar

Les braves. Sivas est l’une des villes les plus anciennes et les plus importantes de la région de l’Anatolie centrale. Les fouilles et des recherches ont montré que le premier établissement de la région date du néolithique (8000-5500 avant JC). Puis, la ville se développa sous les différents empires qui se succédèrent (notamment Hittite, Perse, Macédoine, Romain, Byzantin, Seldjoukide et Ottoman). Sivas est une forme tronquée du nom de la ville en grec byzantin, Sivastei, lui même provenant de son nom en koinè (grec ancien) Σεβαστεία (Sébaste). Ce dernier terme dérive des mots grecs σεβαστός (qui signifie vénérable), σέβας (la crainte) et le verbe σέβομαι (éprouver de la crainte, du scrupule). Ainsi, les habitants et leur club de football se surnomment eux-mêmes Yiğido, ce qui provient du mot turc Yiğit qui signifie homme courageux. 

Il est vrai qu’ils se sont aussi montrés braves dans leurs actes. Une légende raconte d’abord qu’en 324, 40 légionnaires de la Legio XII Fulminata, furent condamnés pour leur foi chrétienne. Ils n’y renoncèrent pas malgré la sanction de dormir nus la nuit dans un lac gelé. Ils moururent en martyre et devinrent des saints chrétiens fêtés le 9 mars. Puis, tout au long de l’histoire, la ville fut envahie et parfois détruite. Elle fut secouée lors du génocide arménien de 1915-1916, par les premiers mouvements nationalistes kurdes de 1920 et par les massacres islamistes de 1993. Malgré ces épreuves, la ville et ses habitants se relevèrent à chaque fois.

#518 – Polonia Varsovie : Czarne koszule

Les chemises noires. Club historique du football polonais (même s’il évolue aujourd’hui dans les bas-fonds), les joueurs du Polonia porte un maillot intégralement noir. La question du choix de la couleur des vêtements a donné lieu à plusieurs théories. Tout d’abord, entre la création du club en 1911 et 1913, le club évolua avec un maillot rayé noir et blanc. Les raisons de ce mariage de deux couleurs sont inconnues. La fondation du club résultant de l’union de deux clubs scolaires, peut-être que chaque couleur représentait un des lycées. Au début de l’année 1913, le club changea son équipement pour une tenue intégralement noire. Il y a d’abord l’explication patriotique. De la fin de l’épopée napoléonienne (1815) jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, la Pologne fut niée comme entité nationale et écartelée entre ces trois grands voisins : la Russie à l’Est, la Prusse à l’Ouest et l’Empire Austro-Hongrois au Sud. Ainsi, la direction du club voulait signifier par ce maillot noir la tristesse du peuple polonais d’être divisée. Cette version peut se trouver conforter par le nom du club. Polonia est le nom latin de la Pologne et en 1911, donner au club un tel nom était un acte de patriotisme et de courage. Malgré cela, il semble que cette version soit fantasmé et que la réalité soit moins romantique. Le responsable des fournitures du club, un certain Mück, ne parvenait pas à dénicher des maillots rayés noirs et blancs et se tourna donc vers le kit le plus simple à trouver, un maillot intégralement noir. Ce choix par défaut présentait aussi un autre avantage : ces vêtements se salissaient peu en jouant sur le terrain boueux où évoluait le club (Agrykola). Le premier match avec ce nouvel équipement fut joué le 23 février 1913 face au Korona. Polonia remporta alors une première victoire face à ce rival (4-0). A compter de 1920, le surnom des chemises noires apparut.

#517 – Kawasaki Frontale : イルカ

Les dauphins. Contrairement à ce que son nom laisse penser, le club n’était pas lié au constructeur de moto mais à l’entreprise d’électronique et de services informatiques, Fujitsu. Comme pour les autres clubs japonais, Kawasaki resta dans le giron de l’entreprise jusqu’à la restructuration des championnats professionnels japonais dans les années 1990. Cette séparation nécessita de construire une nouvelle identité. Le club opta donc pour un nouveau nom « Frontale », de nouvelles couleurs bleu ciel, noir et blanc (qui résulta d’un partenariat avec le club brésilien du Grêmio Porto Alegre) ainsi qu’une nouvelle mascotte, un dauphin. Ce mammifère marin devait exprimer la rapidité et la convivialité de Frontale. Il créait aussi un lien avec la ville de Kawasaki qui est une ville balnéaire, située à l’embouchure du fleuve Tama, sur la baie de Tokyo. Enfin, le dauphin est souvent un symbole d’intelligence. Ce qui donna peut-être l’idée au club de donner une signification supplémentaire à cette mascotte. En effet, le club estime que ce dauphin symbolise la sagesse de donner naissance à une technologie de pointe. Peut-être un rappel de l’entreprise qui donna naissance au club.

#516 – CA Tigre : los Matadores

Les tueurs. Deux origines sont avancées pour expliquer ce surnom. La première fait référence à l’une des plus belles saisons du club en première division en 1955. Le CA Tigre termina à la 6ème place derrière les 4 grands (River, Racing, Boca et Independiente) et Lanús. Lors des matchs retours, le club réussit à marquer 29 buts, meilleur attaque du championnat devant celle d’Independiente. A l’issu des matchs allers, le club n’avait trouvé les filets adverses que 17 fois. L’attaque de feu était alors composé de Tucho Méndez, de Carlos Lacasia et du franco-argentin Héctor de Bourgoing. Cette performance fit écrire au journaliste Osvaldo Ardizzone dans le magazine El Gráfico que la CA Tigre était une équipe de tueurs. D’autres préfèrent associer la naissance de ce surnom avec le changement du design du maillot du club au début des années 1970. En effet, à cette époque, le club opta pour un nouveau maillot aux couleurs historiques rouge et bleu mais avec des rayures verticales. Il ressemblait alors à celui classique du CA San Lorenzo de Almagro. Or, ce dernier avait récemment gagné son surnom los matadores depuis ces épopées de 1968. Le CA Tigre hérita alors du même surnom. Il se serait définitivement installé après la victoire en championnat en 1979 qui offrit l’accession du club en Première Division.

#515 – Panathinaïkos Athènes : οι βάζελοι

La traduction du terme n’est pas aisée mais je me risquerai pour « les vaseux ». Ce surnom est attaché aux supporteurs du Pana et se comprend au regard de celui attribué aux fans du club de l’Olympiakos, les anchois (cf #452). La rivalité entre ces deux montres grecs se résume aussi par la lutte des classes. L’Olympiakos représente les classes laborieuses du port du Pirée (pauvres pêcheurs et dockers) tandis que le Panathinaïkos est le club des bourgeois de la capitale grecque. Or, ces bourgeois prenaient le temps de faire attention à leur apparence. Seulement le gel n’était pas disponible et les jeunes urbains d’Athènes mettaient alors de la vaseline dans leurs cheveux. Cette vaseline donna le surnom et peut-être aide-t-elle les supporteurs du Pana à mieux accepter le palmarès impressionnant du rival.

#514 – Cardiff City FC : the Bluebirds

Les oiseaux bleus. Formé sous le nom de Riverside FC en 1899, le nouveau club de football avait pour objectif d’occuper les joueurs de cricket du Riverside Cricket Club en hiver. Ces derniers portaient un kit de couleurs marron et orange. En 1905, la direction demanda de changer le nom du club en Cardiff City suite à l’octroi du statut de ville à Cardiff. La fédération du Pays de Galles n’accéda pas à la requête car elle estimait que le club évoluait dans des ligues trop mineures pour bénéficier d’un titre aussi prestigieux. Trois ans plus tard, alors que le club participait à la Ligue amateur du sud du Pays de Galles, la fédération céda et Cardiff City naquit. Pour des raisons inconnues, le club changea ses couleurs et opta pour le bleu. La même année, une pièce de théâtre « The Bluebird of Happiness » (L’oiseau bleu du bonheur) de l’écrivain belge Maurice Maeterlinck fut présentée à Cardiff. Elle connut un grand succès auprès des habitants de Cardiff. Ces derniers firent le lien entre la nouvelle couleur du club avec le titre de cette pièce et affublèrent le club du surnom de bluebirds. En 1959, l’oiseau bleu apparut sur le maillot du club et s’inscrivit dans le blason.

#513 – Drogheda United FC : the Turks

Les turques. Evoluant en bleu et grenat, Drogheda United partage ces couleurs avec de nombreux clubs britanniques (Aston Villa et West Ham principalement). Elles sont également communes avec les turques de Trabzonspor, ce qui conduisit les deux clubs à se déclarer frères en 2010. Au delà des couleurs, l’écusson de Drogheda se compose d’un croissant de lune et d’une étoile, symboles partagées avec le drapeau national turque. Cette inspiration musulmane (croissant et étoile) est directement tirée des armes de la ville de Drogheda. Le lien avec la Turquie dépasse donc le club. Pour expliquer ce lien, il faut remonter un épisode qui se déroula lors de la Grande Famine. Entre 1845 et 1852, l’Irlande était sous domination britannique et le mildiou anéantit presque intégralement sa production de pommes de terre, qui constituaient la nourriture de base de ses habitants. La conséquence fut une grande famine qui causa la mort d’un million d’irlandais et l’émigration, notamment vers les Etats-Unis, d’un autre million de personnes. En 1847, à Istanbul, le sultan ottoman Abdulmejid I fut mis au courant de cette crise humanitaire par son dentiste, venu d’Irlande. Le sultan offrit 10 000 £ (environ 1 million d’euros actuel) aux irlandais affamés. Cependant, la reine Victoria avait déjà aidé l’Irlande avec 2 000 £ et elle prît ce don supérieur au sien comme un affront. Le sultan Abdulmejid dut alors réduit son offre à 1000 £. Cependant, il ne souhaitait pas se limiter à cette aide financière contrainte. Il ordonna ainsi à trois navires de transporter de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de première nécessité en Irlande. Comme la marine britannique surveillait les ports de Dublin et Cork et n’autorisait aucun navire étranger à accoster, les bateaux ottomans voyagèrent jusqu’au Nord et livrèrent la marchandise à Drogheda. Depuis lors, la population de Drogheda est éternellement reconnaissante envers cette générosité turque et entretient ce lien avec le pays. A noter toutefois que ce n’est pas cette épisode qui mena la cité irlandaise et son club de football à adopter les symboles du croissant et de l’étoile. En réalité, des preuves remontant à 1210 démontrent que les armes de la ville arboraient déjà ces éléments. En effet, lorsque le Roi Jean Sans Terre accorda à la ville sa charte (ie reconnaissant ainsi à Drogheda son statut de cité), Drogheda reprît le croissant et la lune, symbolisant l’épopée du Roi lors des croisades. C’est la même raison qui fait que la ville anglaise de Portsmouth porte un croissant et une étoile dans ses armes (à la nuance que c’est en l’honneur du Roi Richard I dit Cœur de Lion). Faire référence aux croisades, c’est un lien aussi avec les ottomans.